Lettre Ouverte à Hudo Voigt Chef du Parti National Démocrate allemand (NPD)
Je vous imagine particulièrement réjoui des résultats de votre parti aux dernères élections. Ainsi, une deuxième région, après la Saxe, vous permet d'accéder à un Parlement régional. Le terreau sur lequel vous avez obtenu ces 7,3% de voix est bien votre terre d'élection: le land de Mecklembourg est devenu la région la plus pauvre d'Allemagne, avec un taux de chomage de 18%. Qu'allez-vous proposer à ces allemands en déshérence, vous qui vous revendiquez "le parti du peuple"? Allez! Encore un effort! Et vous arriverez peut-être à imposer une Allemagne "blanche" , à l'instar de vos déclarations dans le "Junge Freiheit" de septembre 2004, "Le choix devra être clair: ou la disparition de l'Allemagne dans une société multiculturelle, ou l'avènement d'une nouvelle ère politique marquée du signe de la nation". Quel est ce signe que vous appelez de vos voeux?
Nous avons une passerelle commune, une seule...Je suis née d'un père allemand. Mais son sang n'était pas pur. Il faisait partie de cette société multiculturelle que vous abhorrez et qui a payé très cher, comme toute notre famille, disparue sans laisser d'adresse dans les camps de la mort, voulus, pensés et mis en place par le Chancelier Hitler, cette appartenance "non conforme ", cette impureté originelle. Vous comprenez certainement maintenant pourquoi je ne peux considérer avec légèreté la progression de votre parti, ouvertement idéologique. Lorsque dans les fondamentaux de votre programme, on retrouve la famille comme base de la société et la lutte contre l'immigration pour protéger l'essence du peuple allemand, un vent glacé venu du passé me fait frissonner. Je ne peux oublier que votre parti a été créé avec d'anciens fonctionnaires du parti nazi. Une expression populaire dit "que les chiens ne deviennent pas des chats..."
Je n'oublie pas non plus, Monsieur, que vous insulté la mémoire des millions de victimes de la Shoah en déclarant que le béton des stèles du Mémorial de l'Holocauste de Berlin pourrait servir de fondation à "une nouvelle chancellerie du Reich". A trop prêcher la haine, elle risque de vous revenir en boomerang, selon le fameux principe de causalité... A cette jeunesse allemande, que vous essayez de pervertir par vos idéaux néo-nazis (n'ayons pas peur des mots, lorsque l'on essaye d'organiser un Festival de la Haine en Grèce, en 2005, heureusement interdit au dernier moment, on ne peut revendiquer la noblesse de ses actions) j'ai à vous opposer une autre alternative. Je voudrais vous rappeler qu'en Allemagne , entre juin 42 et février 43, une poignée de jeunes étudiants chrétiens , avec parmi eux Sophie et Hans Scholl, empreints de noblesse, ont payé de leur vie leur volonté de défendre les valeurs démocratiques de cette allemagne détruite par la haine. Ces jeunes gens, réunis sous la bannière de La Rose Blanche sont une source d'espérance et de lutte par l'amour à offrir à ceux qui , comme vous, veulent faire croire aux chimères d'une nouvelle Allemagne, repliée dans ses frontières, pure de toute "souillure" .
Je ne sais si ces lignes vous parviendront. Je sais seulement qu'elles se veulent rappel et vigilance pour tous ceux qui pourraient être tentés par les idées de marchands d'illusion et de désespérance , dont vous faites partie à mes yeux.