"La vie avance, les jours s'envolent..."

"La vie avance, les jours s'envolent". Voilà ce que répondait hier une des mères d'un des écoliers de Beslan tués au cours de la prise d'otages du 3 septembre 2004, à un journaliste venu recueillir son témoignage. Comment trouver des mots pour expliquer l'absolue et définitive absence d'un enfant parti un matin comme celui-ci, un matin de rentrée des classes  et qui ne revint pas? Ils sont plus de 300, les enfants de Beslan, dont les mères ne prépareront jamais plus leur cartable, laissées au bord de la vie il y a deux ans, un cruel jour où leur enfant est devenu la victime "collatérale" de la guerre en Tchétchénie. A Kiriat Shmona, à Tyr, à Beslan ou à Bombay, partout dans le monde ce matin, des enfants partent à l'école, d'autres ne sont plus que mausolées pour des familles inconsolables.

Et je ne peux m'empêcher de songer aux enfants de ma propre lignée, ceux qui n'eurent pas la chance d'être cachés par des Justes et qui devinrent cendre et brouillard, mêlés indéfiniment aux  froides terres de Pologne. Je pense aussi à un enfant en particulier, celui que je nomme "mon ange derrière la porte"... Celui qui ne rentre dans aucune statistique,  qui n'apparaît dans aucun  formulaire de mon existence, celui qui ne m'est pas compté, ni conté. Ce non nommé qui n'en finit jamais de m'offrir un peu de la grâce qu'il acquit au moment de son élévation sur l'échelle des anges... C'est à lui que je pense en ce matin de rentrée des classes.