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Theresienstadt, le ghetto "modèle"

Publié le par Sarah Oling


THERESIENSTADT Le Ghetto « Modèle »

Theresienstadt, petite ville de province semblable à tant d'autres, à 60 km de Prague, que Maurice Rossel, officier suisse, délégué de la Croix Rouge Internationale, a visité un « beau jour» de juin 1944..

Une visite mise en scène par les nazis où les Juifs du ghetto furent les tristes acteurs malgré eux. Interviewé par Claude Lanzman, Rossel donne tranquillement quelques vingt ans plus tard, la vision qu'il a eu lors de son inspection :


« C'était une ville agréable où se promenaient des gosses bien nourris. Certains jouaient sur la place, à côté du pavillon de musique où un concert était donné. En face, un café plein de clients. Dans les rues, des Israélites nantis déambulaient. Au mur des affiches annonçaient les prochaines représentations théâtrales. Ces Israélites avaient dû payer leur villégiature ici. Ils étaient élégamment habillés, avaient leur propre synagogue ». Ce discours surréaliste pour qui connaît l'histoire du ghetto de Terezin, est encore étayé de nos jours. Il suffit de rechercher la définition de « Terezin» dans l'Encyclopédie Hachette

1999 : « Terezin, les Allemands y créèrent un ghetto pour notables juifs ... ». Pourtant, Theresienstadt ne fut qu'un leurre. Ces 13 000 «notables» juifs, dont 11 000 enfants, ne firent que passer par le ghetto. A la fin de la guerre, près de 90% d'entre eux ne revinrent pas de leur destination finale, Auschwitz.
Le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CH RD) a entrepris de rétablir la tragique réalité de Theresienstadt. Il a consacré une série de manifestations à son histoire, encore méconnue en France. Le projet est ambitieux, dans la droite ligne de toutes les actions que mène le CH RD, et son équipe. Tout d'abord, une exposition d'environ 400 documents retraçant la vie à Theresienstadt, attendait en 1999 les visiteurs dans les sous-sols du CHRD. La majeure partie était composée d'œuvres d'une vingtaine d'artistes amateurs ou professionnels. Une intense vie culturelle s'était en effet développée à l'intérieur même du ghetto. Les œuvres, réalisées par les artistes, peintres, musiciens, poètes, donnent la pleine mesure de la mascarade organisée par les nazis. D'un côté, celles exécutées sur commande. De l'autre, celles décrivant la face cachée de Terezin. Au cœur de l'exposition, le film de Claude Lanzman fut diffusé en alternance avec un film de propagande, commandé par les nazis et filmé dans le ghetto en 1944. D'autre éléments, notamment un livre, un disque et un film projeté au public, regroupés sous le titre «Le Masque de la Barbarie» complétèrent cette exposition.

Sylviane Sarah Oling Article publié dans TJ du 18/02/99

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