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Ceux qui ne sont jamais revenus de Kaunas, en Lithuanie...

Publié le par Sarah Oling

Ce soir, la France joue un match de foot important en Lithuanie, à Kaunas. Puis, quel que soit le résultat, notre équipe reprendra l'avion du retour...

Le 15 mai 1944, un convoi part de Drancy. Il porte le numéro 73. Convoi dont la destination finale, attestée en son temps, de ses 878 voyageurs sans bagages, tous des hommes, était Auschwitz. Ce convoi n'arriva jamais. Les listes de déportés furent falsifiées. Les pistes brouillées. Seules les dépositions de quelques uns des 16 survivants retrouvés en 1945 purent retracer le dernier itinéraire de ceux qui furent des êtres de chair, de vibration et d'amour.

 Une partie d'entre eux fut détournée vers Reval, en Esthonie, l'autre groupe arriva dans la forteresse de Kovno, aujourd'hui rebaptisé Kaunas, en Lithuanie. Tous ces hommes étaient dans la force de l'âge. Ils furent affectés au travail de la tourbe, dans des conditions effroyables. Kaunas n'était pas un camp d'extermination. C'était une ville. Avec des habitants, tout autour. Qu'ont-ils vu? Qu'ont-ils fait pour empêcher ce qu'il devait alors être impossible d'ignorer?

Je me souviens d'une de mes missions de recueil de témoignages d'enfants de déportés, à Metz. Deux d'entre eux me confièrent qu'à l'horreur absolue d'avoir perdu leurs pères, s'était rajoutée l'impossiblité de matérialiser leurs derniers instants. Ce convoi 73 fut un convoi fantôme que les familles de ces "disparus sans laisser d'adresse" ont remis, après un combat acharné pour en restituer la trace, dans la lumière de l'Histoire.

 Aujourd'hui, jour de ce match capital pour la France à Kaunas,c'est vers tous ces hommes du convoi 73 que mes pensées se tournent, en un prière muette.

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S
Oui, Jean-Claude, comme toujours, tu es dans cette universalité de la souffrance et de la beauté, dans ce rappel permanent . Nous nous devons d'être des veilleurs infatigables, nous, qui croyons intimement à la contagion de la fraternité. Le Darfour, Le Niger, n'occulte ni le Rwanda, ni le Cambodge... Une population en errance de sa propre terre, qui ne peut la nourrir, ou qui se trouve occupée par ceux qui se croient légitime à en chasser ses habitants originels, c'est une tache indélibile faite sur la conscience du monde dit civilisé.  Merci de ces commentaires d'élévation. Merci d'être, simplement. Sarah
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J
Oui, il faut se souvenir et prier, prier pour que PLUS JAMAIS ces crimes contre l\\\'humanité ne se reproduisent . Et pourtant, des pays d'Afrique sub-saharienne, entre-autres, chaque jour, des hommes et des femmes s'enfuient, chassés par la misère et par la faim . Beaucoup n\arrivent pas au bout du chemin, ne revoient jamais leur village natal, leurs enfants qu'ils voulaient sauver en trouvant du travail et du pain "ailleurs", dans un pays plus riche...Mais le pays plus riche évoque le co-développement..., surveille ses frontières et renvoie à l'errance les clandestins... . Misère, malnutrition, manque de soins, sur-mortalité infantile, les mains tendues des lépreux, des infirmes et des enfants de Maradi sont aussi des crimes contre l'humanité, aujourd'hui .<br /> Jean-Claude
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