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Quelques mots pour un funambule.

Publié le

 
Comme nombre d’entre vous, j’ai des activités multiples, l’écriture étant la source et le sens, mais non-nourricière. Celle qui l’est, à plus d’un titre, me conduit à rencontrer des êtres au bord de leur propre vie.

Certains n’ont qu’un pas à faire pour retrouver vigueur et harmonie. Pour d’autres, une ligne de faille s’est produite, les rendant funambules, en perpétuelle quête d’équilibre. Je suis alors parfois la main qui se tend. Jamais celle qui rompt le fil. Me souvenant d’autres mains, belles et fortes , qui me firent faire ce pas de réapprentissage de l’espérance.
 
Depuis quelques mois, Monsieur, que je  refuse de nommer par votre numéro de dossier, je suis votre parcours. Des bribes d’informations lâchées avec pudeur et fierté me donnent à entendre ce que fut votre vie d’avant. Une vie de dirigeant, dans le social, touchant à l’enfance. Votre responsabilité morale engagée à la suite d’un accident. Puis le chaos absolu. Je ne sais ni ne veux savoir plus que cela. Impossible jusqu'à cet échange de la semaine dernière d’atteindre la citadelle de souffrance brute qui vous servait de rempart contre le monde. J’assistais à votre chute, sans avoir de prise pour vous rattraper. Étant dans mes fonctions normées, je ne pouvais franchir le pont-levis qui séparait le conseiller de son « client ». Cela m’affectait, authentiquement. Cette impuissance à trouver un acte légal et salvateur m’était violence. Parce que je pressentais votre infinie fragilité d’homme à terre. Et que je connais le rôle que vous avez joué pour de nombreux enfants en perdition. Et que vous continuez à jouer, quand vos forces vous le permettent.

 La semaine dernière, notre rendez-vous mensuel se conjuguait avec le jour de votre anniversaire. Que personne ne vous avait souhaité . Parce que vous refusiez de laisser transparaître le moindre affect. Et que vous dissimuliez soigneusement votre désert financier, se rajoutant à tous les autres. Ce que je vous exprimais ce jour-là et qui n’a d’importance que pour vous, vous autorisa les larmes. Vous êtes parti avec un regard si clair que je sais que le mois prochain notre rendez-vous sera celui des prémisses de votre reconstruction. 

Et je voulais ce matin vous dire « Merci ». Merci de vous être enfin autorisé à rejoindre la chaîne de l’Humanité. Votre maillon est précieux. N’en doutez plus.
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C
Sarah,<br /> Toute notre vie ne consiste-t-elle pas à jongler sur un fil raide ? Qu’elle soit tendue dans l’espace ou à ras du sol il faut à tout moment être sur le qui-vive. Mais tire modérément ainsi tu pourras défaire les nœuds et refaire sa pelote. Mais avant tout pense au fil à plomb car elle suggère d’autres élévations, la perfection de soi, l’effort, ou encore l’approfondissement et elles aussi contribue au réapprentissage de l’espérance. Sache que tu as toujours été celle qui tend la main et il suffit parfois de si peu de chose pour retrouver vigueur et harmonie. Je sais que l’étincelle qui tu lui as insufflé sera celui des prémisses de sa reconstruction.
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