Une famille française... Plaidoyer pour Clément et Cécile Pan
Elle s'appelle Qiu Hong Zhou-Pan et depuis hier je ne puis me détacher de son histoire, relatée par la journaliste Anne Diatkine,
dans le magazine ELLE. Madame Pan a été expulsée vers la Chine le 20 septembre dernier, après une nuit dans un centre de rétention. Elle se trouve actuellement à Wenzhou,
seule.
Par quelle absurdité juridique cette mère de famille, s'est-elle retrouvée en exil de son mari et de ses deux enfants, Clément, 4 ans et demie et Cécile, 1 an? C'est pourtant
bien d'une famille devenue de fait française dont il est question. Dans son article, Anne Diatkine, raconte la rencontre, puis le mariage, à Paris, de Monsieur Pan et de Qiu Hong. Puis la
naissance de Clément et Cécile, des prénoms français pour ancrer l'histoire de la famille dans leur patrie d'accueil. Oui! Mais si la rencontre est belle, elle n'en est pas moins écrite sur
les sables mouvants de l'illégalité.
Je ne connais pas les détails précis, je ne sais pas comment Monsieur et Madame Pan se sont mariés, alors qu'ils sont l'un et l'autre sans papiers. Simplement cette tragédie me ramène sur des
rives anciennes, celles de ma propre histoire. Je suis fille et petite fille de "devenus sans papiers". Mon grand-père, Abraham Osias, fuyant la Pologne des pogroms, était arrivé en France avec
Marthe, ma grand-mère, Mala Esther, ma mère et Nathan, mon oncle. Naturalisés français à la fin des années 30, ils furent déchus de leur nationalité en vertu des Lois de Vichy, sur le statut des
juifs étrangers. Désormais sans papiers, mais fichés, répertoriés, ils eurent le réflexe de quitter Paris pour se cacher . Ils retrouvèrent une identité française après la guerre.
Loin de moi l'idée de faire l'amalgame entre le durcissement actuel des lois sur l'immigration et ce qui se passa sous le Gouvernement de Vichy. Je me dis simplement qu'il ne faut jamais
perdre de vue ce que peut produire l'application d'une loi, sans nuances et sans réflexion sur les conséquences dramatiques qu'elle induit souvent. Clément et Cécile Pan ne sont pas des
délinquants. Et pourtant ils sont cruellement punis, séparés de leur mère, sans autre raison qu'une décision de justice. Leur père, terrifié à l'idée de subir le même sort, ne les laisse
pratiquement plus sortir de l'appartement où, seul, il doit assumer le rôle de son épouse auprès de si jeunes enfants.
Il existe un espoir. Celui que Monsieur Pan obtienne enfin un titre de séjour et que son épouse puisse les rejoindre légalement, dans le cadre du regroupement familial. Si cette tragédie pouvait
se transformer en conte de Noël...