Tunisie... Une désespérance contagieuse?
Le 16 janvier 1969, un jeune étudiant, Yan Palach, s'immolait par le feu sur la Place Venceslas à Prague, pour protester contre l'invasion de son pays par les troupes Soviétiques. Aucun lien apparent avec le geste de Mohamed Bouhazizi le mois dernier . Sauf que.. Ce jeune homme, désespéré de ne pas réussir à vivre du fruit de son travail était une figure emblématique d'une jeunesse empêchée, empêchée d'accéder à des postes à responsabilité après avoir fait des études, empêchée de simplement pouvoir s'exprimer librement dans un pays soumis à une dictature. Ce jeune Tunisien, comme ce jeune Praguois en d'autres temps, sans mesurer certainement la portée de ce que leur geste allait induire, s'est tué de la manière la plus atroce qu'il soit, soulevant ainsi, en une fulgurance , une revendication de libération de la parole pour toute une jeunesse baillonnée.
Les cartes sont en train d'être redistribuées. Les Tunisiens ont retrouvé le chemin de l'espérance, mais les menaces qui pèsent sur l'après de ce soulèvement populaire sont lourdes de conséquence pour l'avenir non seulement de la Tunisie, mais également, par ce terrible effet de contagion, pour celui de l'Egypte, de la Lybie, de la Syrie, du Liban, entre autres. Les dictateurs au pouvoir ne semblent pas prêts à le céder, quitte à sacrifier des centaines de vies, avant , peut-être, de s'enfuir eux-aussi, laissant derrière eux une population désemparée et des islamistes prêts à rétablir l'ordre en substituant un baillon à un autre.
L'apprentissage de la démocratie, légitime cependant, demande un accompagnement, non sous forme de contraintes des autres Nations, ou de paternalisme. Tout cela nécessite du temps et également des levées de fonds, pour éradiquer la misère. Un peuple qui a faim est prêt à écouter les chants de toute sirène lui promettant des lendemains glorieux...