Lettre ouverte à Laurent Terzieff
Alors que depuis quelques mois, le théâtre est revenu, par la grâce de rencontres belles et bonnes, habiter de nouveau un espace vibrant dans mon existence, j'ai retrouvé cette "lettre" que j'avais écrite au lendemain de l'envol de Laurent Terzieff et dont je ne veux pas douter qu'il l'ai lue, de là où il se trouve...
"Nous venons tous d'une fratrie, d'une patrie originelle, quelle qu'en soit la force, l'histoire familiale, qui la replace dans un destin universel ou non. Cette terre d'enfance, honnie ou adorée, nous porte vers des terres d'élection, des passions, des désirs. Elle nous fait aimer infiniment des êtres, parce qu'ils éveillent en nous quelque chose de mystérieux, d'inexplicable et de non réducteur par des mots .
Vous fûtes de ceux-là, Monsieur. Je ne puis oublier ces heures au Lucernaire , dans cette toute petite salle, où je "communiais" avec d'autres passagers embarqués dans cette noble aventure que vous nous donniez à vivre. Votre silhouette, quelque chose en vous traçait déjà les premiers temps de votre appel vers un autre voyage à accomplir, seul, sans notre souffle suspendu à la puissance du vôtre, dans l'acte de "faire du théâtre" qui vous guidait.
J'attendais ce début septembre avec une heureuse impatience, ces quelques jours à Paris, chez l'amie qui avait permis la première rencontre, persuadée de vous retrouver , sur scène, à votre place, celle que vous revendiquiez. Ce rendez-vous est définitivement empêché. Vous nous avez faussé compagnie... Et vous me manquez déjà. Votre façon de servir le théâtre, votre grâce, vos convictions, je le sais, laisseront trace, mais il est des artistes dont l'absence est inconcevable, simplement inconcevable."
Sarah Oling avril 2016