Écrire dans ce monde…
Dans cet instant de ma présence à ce monde., écrire, parce que je ne me "sais" pas sans ce lien intime, presque alchimique, entre ma plume et une feuille blanche.
Écrire. Parce que c’est mon architecture. Parce que ce sont ces fondations-là qui m’ont permis d’appréhender ce monde, dans sa perpétuelle mutation.
Écrire. Parce que je veux croire, follement peut-être, que cela peut avoir un sens. Des mots comme matériaux, pour réparer les failles… Pour donner une raison d’espérer, non pas au monde d’après, je n’habite pas le monde d’après, je n’en connais qu’un…Mais à celui qui vacille, là, maintenant, et qui est le nôtre.
Écrire. Parce que quelque chose en moi se refuse à penser que c’est vain. Et cependant, ce questionnement, désormais, me hante.
Écrire. Sur cet impossible de l’écriture, la mienne, dans l’instant, à répondre à ce questionnement, dans sa tragique évidence. En cette période fragile, les contours qui se dessinent n’ont pas la même forme que ceux que je connaissais avant.
Écrire. Parce que j’ai l’audace de penser que mon écriture, mes mots, peuvent transcender les peurs abyssales qui émergent du chaos. J’ai une confiance infinie dans l’être humain à se dépasser, étayée par cette solidarité qui s’est manifestée depuis la nuit des temps, partout et malgré tout.
Alors, certes, ce monde peut sembler brutal et il l’est… Je n’imagine pas que ce sont des mots, les miens, ou d’autres, qui pourraient réparer ce monde.
Cependant, si les mots ne sont pas des armes, ils peuvent tisser le fil et la trame d’une consolation et donner à réfléchir ce que signifie être ensemble dans une humanité qui a volé en éclats.
Et qui ne demande qu'à se "rassembler".
Sarah Oling 30 aout 2024