Lettre à Mélanie et Lorenzzo Betancourt. Une si cruelle attente.
Ce matin, j’ai la gorge
nouée, pas vraiment le cœur au renouveau. Je me souviens particulièrement de votre visage, Mélanie, sur un plateau de télévision, il y a quelques jours. Au journaliste qui vous demandait ce que
vous faisait la libération annoncée de trois des otages des FARC, vous répondiez avec la douce fermeté qui vous caractérise que c’était un vrai espoir pour le possible retour de votre maman.
Aujourd’hui, même si les négociations continuent, ni Clara Rojas, ni son fils, ni Consuelo Gonsalez ne sont sortis de la jungle, cette opaque et inaccessible prison qui les retient, avec, entre
tant d’autres Ingrid Betancourt, votre mère.
C’est long, six ans. Six ans à vous exposer, parlant inlassablement de cette mère mythique, évidemment mythique, créant ainsi une telle proximité avec Elle, que tant de passerelles à travers le monde se sont bâties pour permettre à vos mots de résonner. Mais lorsque l’œil des caméras se détourne, que la lumière s’éteint sur les plateaux de télévision et que les micros s’abaissent, c’est à ce moment que parfois je tente de vous rejoindre par la pensée. Ingrid redevient alors certainement celle qui n’appartient qu’à vous, dont vous connaissez chaque expression, chaque geste.